Nos lecteurs connaissent déjà notre profond souci pour tout ce qui concerne le respect dû aux défunts – ‘hessed qui nous est enseigné par la Tora – dans notre communauté.
Kountrass est le seul moyen de communication qui se soit attelé à cette tâche, et tente depuis près de deux ans d’attirer l’attention des responsables communautaires face à leurs devoirs envers nos défunts – sans grands résultats pour l’instant, reconnaissons-le. En revanche, le public commence à prendre conscience de la gravité de la situation, et à s’organiser en conséquence.
Il est vrai que les plus hautes personnalités du Peuple juif, y compris rav Aharon Lev Steinemann, rav ‘Hayim Kanievski et rav Chalom Cohen, ont signé une pétition très vigoureuse à ce sujet, contresignée également par les plus importants tribunaux rabbiniques du pays (Badats de la ‘Eida ha’harédith, Beth Din du rav Nissim Karélits et autres), ainsi que par de nombreuses personnalités rabbiniques d’Erets Israël et de France.
Il faut reconnaître que cette situation marque d’une tache douloureuse notre communauté, et la honte est grande : ces morts, nos ancêtres, qui ont donné de leur temps et de leurs deniers en faveur de la communauté, se voient abandonnés par la suite à leur triste sort, enlevés de leurs tombes, et dans le meilleur des cas, jetés dans un hangar souterrain (on appelle cela un « ossuaire ») parmi les goyim (selon rabbi ‘Hayim Soloveitchik zatsal, même un kohen doit se rendre impur pour les retirer d’une telle situation), et ne sont donc plus déposés en terre (alors qu’il y a une mitswath ‘assé de chaque moment de les inhumer à nouveau).
Le pire est le sort des indigents : ils n’ont droit qu’à cinq ans de repos en terre (à Thiais) offerts par la municipalité, puis leurs ossements sont automatiquement voués à l’incinération !
Que peut-on faire ? Un de nos lecteurs nous a fait parvenir les statuts d’une association caritative non-juive reconnue d’intérêt public, qui a pris sur elle l’achat de concessions pour les indigents. Elle dispose ainsi de plus d’une centaine de places au cimetière de Montmartre, celui de Montparnasse, et ailleurs encore.
Et nous, qui sommes censés être toujours à l’avant de toute initiative en faveur des pauvres, que faisons-nous ? Il est vrai que le CASIP s’occupe des indigents placés dans ses propres institutions pour leur offrir des formules d’inhumation dignes de ce nom, mais quel est le sort réservé aux autres pauvres qui ne peuvent pas se permettent l’achat d’une tombe décente ?
En réalité, dans le temps, dans la seconde partie du 19e siècle et au début du 20e, des notables de la communauté juive de Paris se sont souciés de cette question, et ont investi de leurs propres deniers pour offrir aux personnes dans le besoin des concessions gratuites ! Il s’agit des Tedesco, le père Giacomo et son fils Joseph, responsables communautaires. Mais malheureusement, et à la grande colère des descendants de cette famille – qui compte des milliers de descendants vivant de nos jours en Erets Israël, dont des dirigeants de Yechivoth, des dayanim et autres personnalités – ces caveaux ont été repris, et semble-t-il, détournées de leur but premier ! Tout un travail est effectué actuellement par des représentants de la famille afin de récupérer ces caveaux et de les retourner à leur noble destination d’origine, celle voulue par ses fondateurs.
Il est grand temps que cette terrible déficience de la communauté juive de France soit résolue !
Nous le disons clairement, et nous trouvons un très fort appui en ce sens chez les Guedolim, qui n’ont pas caché leur souci face à cette situation.
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