Quand la France se retire de l’Algérie après 120 ans de présence, elle conserve la garde des cimetières des européens, c’est-à-dire ceux des Chrétiens et des Juifs.
Cela implique pour la France des dépenses relativement importantes. Elle a décidé, voici une dizaine d’années, de procéder à un « regroupement » de petits cimetières, afin d’en déposer les restes funéraires dans une fosse commune ou un ossuaire (le décret, ici).
Officiellement, il reste un peu plus de 50.000 tombes juives en Algérie, tous cimetières compris. Les petits cimetières peuvent comprendre entre 7 et 30 tombes.
Or il faut savoir que s’il est permis dans certains cas de troubler le repos de nos morts, ce n’est que pour des raisons importantes, comme pour sauver une tombe d’une destruction naturelle (un torrent ou autre), ou pour être inhumé en Terre sainte. Là, quelle est en fait la raison de cette décision : faire des économies… Ce, quand dans le pays voisin, au Maroc, le roi a décidé voici un an de restaurer des tombes des cimetières juifs de son pays aux frais de son pays !
Il est impensable d’accepter que l’on sorte des corps pour une telle raison, mais aussi parce qu’il n’est pas donné d’effectuer une telle opération, quand on sait que pour l’effectuer, il faut plusieurs heures par sépulture, afin de s’assurer que tous les ossements ont bien été retrouvés. Comment imaginer que l’on puisse faire cela avec un cimetière entier ?
Puis, la donnée de base fournie par les autorités civiles est plus que surprenante : un peu plus de 50.000 tombes juives ont été recensées pour toute l’Algérie. Réfléchissons : les Juifs, au moment de leur sortie d’Algérie, étaient au nombre de 150.000. Ils ont vécu 2.000 ans au moins dans ce pays. Comment dès lors comprendre qu’ils n’ont laissé qu’une quantité aussi minime de tombes ?
S’ajoute à cela une autre question : comment comprendre qu’il y ait eu en Algérie des cimetières forts de 7-30 tombes ? Peut on avoir créé un lieu de sépulture pour si peu de gens ?
La réponse est évidente : dans ces cimetières reposent bien plus de personnes, mais, avec le temps, les pierres tombales ont disparues ! Les chiffres officiels ne concerneraient donc que les tombes visibles.
Ceci fait qu’on va exhumer une dizaine de personnes d’un cimetière, mais on va laisser sur place une centaine d’autres, qui, quand les ouvriers locaux vont venir travailler dans les profondeurs du terrain, vont être faire l’objet d’une profanation terrible ! Ceci est totalement inacceptable.
Enfin si nous acceptons le principe d’exhumer tel ou tel cimetière, de manière officielle, demain les autorités de Tunisie, de Roumanie et de Pologne vont exiger la même chose, et tous les cimetières juifs du monde entier seront en danger ! Que HaChem nous en préserve ! Et, déjà, des voix s’élèvent à Oran pour exiger qu’on en fasse de même avec le grand cimetière local, qui jouxte le palais des expositions ! De fait, il n’a jamais été accepté par les Rabbanim que l’on puisse vider un cimetière pour des questions d’argent, et les communautés, de tous les pays, déploient de grands efforts financiers pour assurer la sauvegarde des lieux où reposent leurs ancêtres – jusqu’à ce que vienne le Machia’h et que les morts ressuscitent, que le sait notre Tradition.
En conséquence, nous avons l’obligation la plus élémentaire envers nos ancêtres, ceux enterrés dans les cimetières concernés, ou ceux d’ailleurs, de tout faire pour assurer la sauvegarde des lieux de sépultures juifs.
Le public est appelé à signer une pétition en ce sens, ce qui est, pour l’instant, l’une des premières actions que nous puissions entreprendre.
Quant à la France, une remarque s’impose : comment peut-elle, une fois qu’elle a accepté d’être nommée responsable des cimetières des européens en Algérie, venir plusieurs décennies plus tard et déclarer forfait ? Les gens qui ont acheté une concession dans ces cimetières ne l’ont-ils pas fait pour toujours, pour s’assurer un repos éternel ? Comment le propriétaire – un Etat moderne et souverain – peut-il venir un beau jour déclarer ne plus vouloir assurer son rôle ? C’est désolant, et inadmissible.
Décidemment, notre foi oh combien profonde dans les valeurs républicaines sont ébranlées, en particulier quand on voit la conduite noble et royable du souverain voisin, le roi du Maroc…
En France-même, il est vrai, la situation est la même, voire pire, mais au moins l’Etat se donne une couverture : si la pierre tombale n’est pas entretenue et « représente un danger pour le public », alors… tant la pierre que le corps qui reposent à cette place sont enlevés ! Si le motif invoqué pour enlever la pierre tombale peut être acceptable, comment justifie-t-on l’exhumation du corps ? C’est une aberration totale ! Sans parler du fait qu’alors, quand, dans les meilleurs des cas, les corps sont dirigés vers l’ossuaire du Père Lachaise, à partir de là, les restes funéraires sont propriété de la municipalité : à quel titre juridique la ville peut-elle justifier une telle propriété ? Comment devient-on propriétaire de restes funéraires ? C’est une conduite peut-être juridique établie, mais totalement inacceptable !
Remarque : Les mesures prises par le gouvernement français comprennent tout de même la possibilité pour les descendants directs d’exhumer eux-mêmes les restes funéraires de leurs ancêtres, mais les démarches à faire sont longues et délicates. Il ne fait aucun doute qu’une personne qui peut les entreprendre doit le faire au niveau individuel, mais il faut savoir que l’ensemble des documents exigés n’est pas facile à collecter.
Puis, comme dit, il faut réfléchir à l’endroit où ré-enterrer ces proches, car si c’est pour la France, où l’on exhume systématiquement les morts au bout de quelques décennies, qu’a-t-on gagné…
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