Nous avons donc titré de la sorte un précédant article, parlant du « grand scandale » : car, en effet, ce qui se passe dans cette division est une erreur fatale ! Cela a fait l’objet de nombreuses critiques, ainsi que le lecteur peut le constater à la suite du texte en question.
Pourquoi un tel intitulé ? Jusqu’à présent, en effet, nous n’avions à nous plaindre que du fait que l’on enterre des Juifs dans des carrés où l’on laisse des restes funéraires d’autres gens. Ou alors, on les déposait dans des emplacements funéraires où, auparavant, reposaient d’autres Juifs, présentement exhumés et jetés on ne sait où pour faire place au suivant, ce qui va totalement à l’encontre de la Halakha. Ceci est un scandale sans nom, mais au moins avait l’avantage de ne pas être « visible » (bien qu’on nous ait signalé que, souvent, les endeuillés eux-mêmes constataient qu’il y avait présence de restes funéraires dans la fosse). Là, le « grand scandale » de la division 59 provient du fait que l’on ne se gêne plus de parler de division juive, alors qu’il y a encore, de manière visible, des tombes qui ne le sont pas. Erreur grave, car cela, le grand public de notre communauté n’est pas prêt à l’accepter.
Et, en effet, le fait que nous ayons informé le public de cette grave offense commence à porter fruit : le public vérifie avant d’accepter que l’on dépose leurs proches dans cette division.
En fait, nous pensons qu’il faut à tout prix éviter ce genre de cimetières parisiens, car on est pratiquement certain qu’à la longue, les tombes seront reprises, leur contenu vidé et jeté. D’où le savons-nous ? Pourquoi ne pas faire confiance à la France ?
Parce que la France n’a jamais assuré qu’elle se conduirait autrement. Au contraire, nous publions ici un très inquiétant « rapport relatif à la législation funéraire » (datant de la fin 2012), visible à l’adresse :
http://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/atoms/files/ddd_r_20121029_legislation_funeraire.pdf
On y lit, au courant des 34 pages de ce texte :
1. La « reprise » des concessions temporaires (= exhumation) est automatique en cas de non entretien
Dans le cas où une tombe datant de plus de trente ans n’est plus entretenue, faute d’héritiers pour l’entretenir, elle peut faire l’objet d’une reprise pour abandon. Les familles doivent donc être attentives à l’état des caveaux de famille.
2. Les concessions perpétuelles sont rares et sont aussi « reprises » (= exhumation » en cas de non entretien
Les concessions perpétuelles existent toujours, mais ne sont pratiquement plus accordées dans les grandes agglomérations. Les concessions perpétuelles existantes peuvent également être reprises, si elles ne sont plus entretenues, au bout de trente ans.
3. Il est déconseillé aux mairies d’entretenir les sépultures
Le Défenseur des droits a été alerté par l’Association des Maires de France, il leur est conseillé de ne pas procéder à l’entretien courant des concessions en lieu et place des familles,
4. Les municipalités n’ont aucune obligation de rechercher les familles avant une exhumation
A défaut de renouvellement, le terrain fait alors retour à la commune, sans formalité particulière obligatoire à l’égard des familles.
4. Les municipalités privilégient la crémation plutôt que les ossuaires
Le coût du foncier peut ainsi conduire les communes à privilégier le choix de la crémation au détriment du transfert à l’ossuaire, plus sécurisant juridiquement, mais aussi beaucoup plus lourd en termes de gestion pour les collectivités.
5. Une personne morale (fondation, association…) ne peut recevoir aucun legs ou donation de concession funéraire.
6. Il est déconseillé aux communes d’établir des relations privilégiées avec les représentants des religions
Ainsi, une commune qui s’engagerait à créer un ossuaire confessionnel, ou à contacter certaines autorités religieuses en cas de reprise d’une sépulture abandonnée pourrait voir ses initiatives remises en cause par le juge en cas de litige.
Ces divers conseils du « Défenseur des droits » sont terriblement inquiétants pour nous. Il s’agit là d’une institution gouvernementale œuvrant au-dessus de tout le système politique ; sa fonction est de guider les décisionnaires du gouvernement en respectant les droits des citoyens. Sa méthode de travail inclus la consultation de tous les ministères concernés et toutes les plaintes des citoyens dans le domaine choisi.
Ses présentes conclusions confirment absolument toutes nos craintes :
1. Toute sépulture non entretenue est exhumée après un délai variable
2. Il est déconseillé au maire d’entretenir des sépultures
3. Le maire n’a aucune obligation de rechercher les familles
4. Après exhumation préférence est donc donnée à la crémation
5. Une association ne peut pas recevoir en legs une sépulture pour l’entretenir ensuite
6. Un maire souhaitant privilégier une communauté religieuse prend un risque pénal.
A la communauté de réagir, et de présenter la position qui est la sienne dans ces domaines, afin de faire respecter sa foi et ses coutumes.
A chaque jour qui passe, trois corps de Juifs, peut-être de vos grands-parents, sont exhumés de leurs tombes et jetés par-dessus bord, ou tout simplement incinérés, contrairement à notre croyance !
Les deux articles parus sur ce site ces derniers jours sur le problème des cimetières juifs m’ont laissé pantois : ainsi donc, de l’avis général, et plus encore à lire le présent texte officiel concernant la conduite que la France doit suivre dans le domaine funéraire, il ne fait aucun doute que toute personne qui dépose ses proches en terre dans un cimetière municipal entraîne que, un certain temps plus tard (cela peut être à plusieurs décennies), ces proches seront tirés hors tombe et incinérés (ou un autre sort leur sera réservé, mais cela n’a plus d’importance). Mais alors, où sont nos dirigeants juifs ? Qui a-t-il informé la population juive de cet horrible sort qui sera réservé à leurs parents (et à eux-mêmes, le jour venu) ? Le Consistoire a-t-il fait paraître cet avis dramatique ? Jamais ! Ni lui, ni l’un ou l’autre de ses responsables de la ‘hévra kadicha, ou de ses rabbins ! Messieurs, c’est la honte !
Je resterai toujours surpris du manque de responsabilité de rabbins. Le Consistoire travaille tous les jours sur ces sujets. Un peu d’intelligence expliquerait la discrétion nécessaire qui est notre règle. Contrairement à d’autres, Le Consistoire n’agit sans intérêt financier. La ‘Hevra est un service où la reserve et le ‘Hessed sont maîtres. La France est un pays laïc. Le Consistoire fait avec sans pour autant négliger le Kavod hameth. Dina de-malkhouta dina… Le Consistoire cependant obtient des dispositions. Les interventions irresponsables de média juifs animées que par la recherche de donateurs qu’il faut sensibiliser gênent l’excellent travail réalisé par le Consistoire qui traite le réel. Le Consistoure laisse la critique irresponsable aux plumes pathologiques et lâches qui créent des dégâts énormes. Le Consistoire invite à TOUT moment toute personne intéressée à venir recevoir une explication détaillée du travail au quotidien de la ‘Hevra.
Serge Benhaim, président de la Hevra Kadicha
Sachant l’excellence et le dévouement du travail de notre présent interlocuteur, nous sommes très fortement peinés par le ton persiflant et désagréable qui ressort de sa réaction.
Baroukh Hachem, nous ne sommes pas « rabbins », donc la présente critique ne nous concerne pas.
Le Consistoire travaille tous les jours sur ces sujets : oui, depuis 200 ans. Nous avons le droit de dire : cela suffit, d’autant plus que le représentant de la France, son ambassadeur à Tel Aviv, nous a déclaré que, pour sa part, et donc pour celle de son pays, tout était possible, mais que c’est au Consistoire d’entreprendre une telle démarche. Est-ce donc bien que cette vénérable institution n’a rien fait dans ce sens, et ne fera pas mieux à l’avenir ?
Est-ce que, cher Monsieur, le dina demalkhouta nous empêche de nous tourner vers les autorités civiles du pays pour demander un changement ? Soyons sérieux.
Nous avons demandé un rendez-vous de la part du Grand rabbin de Paris – réponse, par la secrétaire, qu’il n’est pas intéressé à nous parler de ce sujet. Nous avons proposé au Président des Consistoires une rencontre afin de faire le point, nous, et d’autres personnes impliquées dans ce sujet – refus. M. Benhaim, que voulez-vous que nous fassions de plus ?
Nous commettons des dégâts ? A informer le public de l’immense problème que pose l’inhumation de Juifs dans les cimetières parisiens ? Il nous semble que c’est le devoir de toute personne face à la communauté, et, au contraire, comment se fait-il que vous, président de la Hevra kadicha, vous veniez nous demander de garder le silence ! Pourquoi ? Le public n’a-t-il pas à savoir ce qui attend ses proches à l’avenir ? Et à lui-même, le jour venu ? D’être retiré de la tombe au petit jour par des fossoyeurs qui se moquent totalement d’extraire tous les restes, lesquels vont se mêler à ceux d’autres gens ; de voir la partie exhumée envoyée dans la fosse commune, l’ossuaire où tous les corps de toutes les nations reposent, ou, pire encore pour notre communauté, à être incinérés ! Peut-on imaginer un silence scandaleux plus inadmissible que celui-là ?
Dommage, M. Benhaim, dommage : vous voulez le silence, tel que l’institutionnel le pratique depuis 100 ou 200 ans, mais nous ne sommes pas d’accord. Aucun doute que le public jugera et nous donnera raison.
On en apprend des choses, et ce davantage dans les réactions que dans le texte de base. Déjà, au départ, même quand tout est « normal », il est permis de s’interroger sur ce principe des concessions cédées pour trente ans. Et après? Après, nous dit-on, les descendants peuvent renouveler la concession? Et après? Après, en principe il n’y a plus de correspondant au numéro que vous avez demandé, puisque la génération susceptible de renouveler le bail est elle-même une génération de centenaires.
Le travail de Kontrass, qu’on le veuille ou non, est admirable. Il est évident qu’il est risqué de remuer les eaux troubles d’une loi qui impose le mensonge par omission, sans que personne ne réagisse alors que nous vivons une époque, paradoxe ou hypocrisie, qui revendique haut et fort le respect de son droit de savoir.
Très cyniquement, la loi donc se veut aléatoire en se basant sur le principe selon lequel les absents ont toujours tort, à savoir la famille pénalisée si elle n’entretient pas les tombes.
Le plus révoltant reste cette complicité silencieuse de facteurs qui refusent que la vérité se sache, ce qui est d’autant plus grave qu’ils endossent d’éminentes responsabilités dans un système où les familles éplorées leur accordent leur entière confiance et voient en eux un appui salutaire.
Il n’est pas bon de mourir en France, et il n’est pas bon d’y vivre non plus, si l’on en arrive à approuver des lois qui contredisent le respect des morts d’une façon qui, au lieu d’être perçue comme hautement scandaleuse, devient non seulement normale mais digne d’être protégée.
Silence, on profane.
Quant à l’aspect de l’intimidation par la loi d’élus locaux dont les sentiments humains sont encore intacts, je préfère ne pas en parler.
« Il n’est pas bon de mourir en France » – notre lecteur fait sans doute allusion à l’expression de rav Israël Salanter zatsal, ce Grand du peuple juif, qui a fuit Paris dans les années 1882 ou 83, déclarant qu’ »on ne pouvait pas mourir à Paris » (déclaration rapportée dans l’une des publications de l’époque) ! Il est parti, sentant sa fin proche, et est effectivement décédé à St Petersbourg.
Pourquoi ne peut-on pas mourir à Paris ? La réponse, dans la brochure du Dr Rosenbaum, citée par ailleurs.
Il n’est pas question d’imposer un silence. Seulement un rappel à responsabilité pour ne pas offrir des divisions stériles qui affecteraient notre travail. Nos morts sont notre patrimoine commun. Tombes, cimetières ou malheureusement nos morts sans tombes. Nous sommes tous les atomes d’une seule et même molécule. Le Consistoire évolue dans le cadre d’une laïcité fraçaise devenue intégriste. Subventions, crèches, che’hita, dates d’examens, carrés confessionnels dans les cimetières… et d’autres exemples. Le Consistoire est conscient et très attaché à sa mission ‘Hevra. BH et grâce à LUI nous progressons. Le rav Gugenheim, le président Mergui, le rabbin Atlan trouvent tous les jours des réponses et des solutions à toutes les situations.Tous les jours. La publication de ces hességuim serait dommageable. Vous comprendrez mieux après avoir écouté, constaté et mesuré le travail. Je suis personnellement à la disposition de chacun.J’espère que mes mots laisseront transpirer ma considération pour vous tous, critiques ou non. Le kavod hameth qui nous anime exige une prudence, un effacement, une retenue, une responsabilité. Un Meth est « assour behanaa » – interdit de profit ou de s’en servir. La chose mortuaire ne peut donc être un outil à polémique. Travaillons ensemble. Nous intervenons au nom et pour des êtres chers qui ne peuvent plus agir. Il nous font confiance. Bien sûr il faut faire plus et mieux… on y arrivera, ensemble.
Nous sommes très fortement reconnaissants à M. Benhaim pour ce second message, qui se veut apaisant.
Nous restons toutefois plus que choqués du fait qu’il persiste à insinuer que nous avons dans ce dossier le moindre intérêt ! Quel peut-il être, et s’il connait le moindre notable prêt à nous accorder de ses deniers pour nous appuyer dans notre présente campagne, nous lui serons infiniment reconnaissants. Nous, pour notre part, n’en connaissons pas…
Sur le fond, le problème n’est pas seulement actuel, il date de 100 ou 200 ans, et venir nous dire que « nous nous en chargeons » consiste à se moquer des gens.
De plus, nous considérons que tant que le Consistoire n’aura pas fait savoir officiellement au public qu’il y a problème à déposer des défunts dans les cimetières parisiens, il commet une très grave erreur, lifné ‘iver, faisant trébucher les gens à un moment des plus douloureux. C’est impardonnable. Ceci concerne la « location » de tombes pour trente ans, ce qui est une option totalement exclue selon la Halakha, mais il en sera de même quand on acquière une concession à perpétuité, car la perpétuité n’existe plus dans la région parisienne.
Quant à une proposition de rencontre, nous avons déjà dit précédemment que ni le Grand rabbin de Paris ni le Président des Consistoires n’étaient prêts à nous recevoir. Ils prennent leurs responsabilités, et grand bien leur fasse.
Nous ne faisons que ce que notre devoir nous oblige de faire : de veiller au kavod hameth – kavod ? A la sauvegarde de leurs restes funéraires, situation dans laquelle la communauté juive, en Erets Israël, est prête à rendre 1000 terroristes, pour recevoir les corps d’un seul soldat malheureusement tombé dans les combats avec nos ennemis ! En France, on accepte que 1000 corps juifs soient enlevés de leurs tombes pour… Quoi au fait ? Pour des avantages quelconques, que l’on pourrait très certainement obtenir par ailleurs, si seulement on savait faire comprendre aux pouvoirs publics quels sont nos principes et nos lois.
Désolant, M. Benhaim, désolant.
Je suis bouleversée jusqu’au plus profond de moi-même de ce que je lis là ! Il ressort de la position de l’un des plus hauts responsables de la Hevra qadicha de la communauté que les ossements de mes parents zal sont monnayables contre tel ou tel avantage à obtenir de la part du pouvoir civil ! « Subventions, crèches, che’hita, dates d’examens, carrés confessionnels dans les cimetières… et d’autres exemples ». Mais qui permet un tel marchandage ? La Halakha ? Certainement pas. La morale, le « respect de la mémoire » qu’on ne se gêne pas de nous rappeler à chaque occasion d’inauguration de chrysanthèmes ?
Et la meilleure encore est quand une personne, un groupe, viennent poser des questions, on ne se gêne pas de susurrer qu’ils sont sans doute intéressés par un quelconque résultat financier. Nos Sages le disent déjà : celui qui vient appliquer un défaut à l’autre, c’est évidemment ses propres défauts qu’il va lui attribuer…
La communauté doit s’élever avec force et courage contre une telle conduite, indigne et inadmissible. Nos morts ont le droit au repos éternel, et la communauté doit tout faire pour que cela soit respecté. Je n’ai aucun doute que l’Eternel aidera notre communauté pour le reste, pour que les subventions arrivent, les crèches soient aidées, la che’hita reste possible, et le reste à l’avenant. J’ai l’impression, j’ai très peur, que l’on n’a pas de notion, dans nos rangs, du fait que la Providence ne veut que nous aider, et que le contraire peut être vrai quand nous ne nous conduisons pas comme la Halakha et le « respect de la mémoire » de nos parents l’exigent…
Mme Epstein