Le « Kavod hameth » (respect des morts) est une notion importante dans le judaïsme, puisque même l’obligation des prêtres de ne pas se rendre impurs est levée face à une telle question, quand un mort ne trouve personne pour le mettre en terre (« meth mitswa »). La tradition qui est la nôtre veut que les morts aient droit à une tombe à tout jamais, et que nul n’ait le droit de les en retirer, certainement pas pour des raisons de « manque de place » pour les autres.
Pourtant, en France, et en particulier dans la région parisienne, ce n’est pas le cas : toute personne qui accepte d’être enterrée dans un cimetière municipal prend le risque de voir ses restes funéraires, cinquante ou cent ans plus tard, pris de sa tombe et, au mieux, déposés dans un hangar municipal, un ossuaire, quand, alors, la séparation entre Juifs et non-Juifs n’est plus respectée, le principe du repos dans la terre bafoué, sans parler du fait que ce sont des fossoyeurs très peu concernés par la collecte de tous les ossements qui vont s’occuper de cette besogne (ils l’achèvent en une demie heure, alors que, quand ce sont des Juifs qui le font selon la Halakha, pour par exemple envoyer les restes funéraires en Erets Israël, cela prend de très longues heures).
Ceci est vrai pour des personnes dont les proches ont su prendre une tombe à perpétuité. Quand ce n’est pas le cas, au bout du bail, les ossements sont simplement repris et jetés dans une fosse commune, voire incinérés – tout cela allant contre la tradition juive.
Les enquêtes menées par Kountrass – que nous remercions ici de nous avoir permis de profiter de son important travail dans ce domaine – ont montré que la situation dans ce domaine, en France, est totalement inacceptable. Le lecteur pourra découvrir dans le présent site divers textes de ce genre, lui permettant de mieux comprendre l’étendue du problème.
Les rabbanim ? Là aussi, nous livrons ici les conclusions des grandes autorités d’aujourd’hui, qui appellent, toutes, à un changement dans ce domaine.
On pourra aussi lire ici une très intéressante brochure qu’un certain Dr Rosenbaum a fait paraître en 1914 à Paris, sur la « question du cimetière juif à Paris », prouvant l’ancienneté de la question et son urgence. Malheureusement, un siècle plus tard, et rien n’a été fait !
On se rappellera aussi du fait que ce Grand de la Tora qu’était rabbi Israël de Salant, qui a passé à la fin de ses jours deux années à Paris, et qui déclarera, sentant sa fin s’approcher, qu’il « n’est pas possible de mourir à Paris » (déclaration qui a été publiée par la suite dans diverses brochures de l’époque). Pourquoi ? Nous le comprenons parfaitement… Par exemple, l’un des importants notables de Paris d’alors, Ya’aqov Tedesco, un très grand philanthrope, dirigeant une galerie d’art dans la capitale, a été enterré dans l’un des cimetières parisiens, mais, du fait du manque de visiteurs, il a été lui aussi pris de sa tombe et jeté dans l’ossuaire du Père Lachaise. Cela a pris sept années de tractations pour que la famille, comptant des milliers de familles en Terre sainte de nos jours, parvienne à récupérer ses ossements et les enterrer dans un cimetière à Beth Chémech, voici trois ans.
Le problème est là, et il est énorme. La communauté n’est pas parvenue à le résoudre – depuis qu’il se pose, depuis Napoléon…
Le présent site, fondé par l’association « Kavod hameth », veut fournir au public des éléments d’information à cet égard, montrer la gravité de la question, dire ce qu’il faut faire a priori, et montrer comment il est possible, a posteriori, d’agir pour assurer le « kavod hameth » de nos proches, ou de penser pour nous-mêmes à des solutions valables.
Le sujet n’est pas agréable, sans nul doute, mais a-t-on le droit de détourner la face, et de l’ignorer ? Certainement pas. C’est une mitswa de très haute importance, et si nous parvenons par ce site à provoquer une amélioration de la conscience du public face à cette question, nous en serons heureux.